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de persiflage au pauvre comte ; elle lui annonçait officiellement, pour sa gouverne, disait-elle, dans ses rapports avec les têtes couronnées, qu’elle ne se sentait pas capable d’amuser un ministre disgracié. « Le prince vous fait peur ; quand vous ne pourrez plus le voir, ce serait donc à moi à vous faire peur ? » Elle fit porter sur-le-champ cette lettre.

De son côté, le lendemain, dès sept heures du matin, le prince manda le comte Zurla, ministre de l’intérieur. — De nouveau, lui dit-il, donnez les ordres les plus sévères à tous les podestats pour qu’ils fassent arrêter le sieur Fabrice del Dongo. On nous annonce que peut-être il osera reparaître dans nos États. Ce fugitif se trouvant à Bologne, où il semble braver les poursuites de nos tribunaux, placez des sbires qui le connaissent personnellement, 1o dans les villages sur la route de Bologne à Parme ; 2o aux environs du château de la duchesse Sanseverina, à Sacca, et de sa maison de Castelnovo ; 3o autour du château du comte Mosca. J’ose espérer de votre haute sagesse, monsieur le comte, que vous saurez dérober la connaissance de ces ordres de votre souverain à la pénétration du comte Mosca. Sachez que je veux que l’on arrête le sieur Fabrice del Dongo.

Dès que ce ministre fut sorti, une porte secrète introduisit chez le prince le fiscal général Rassi, qui s’avança plié en deux et saluant à chaque pas.