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— Je n’irai pas au diable, vilain impie ! mais tout simplement au bureau de la police, qui saura par moi que vous êtes un Monsignor qui a jeté le froc aux orties, et que vous ne vous appelez pas plus Joseph Bossi que moi. Fabrice avait déjà descendu quelques marches de l’escalier, il revint.

— D’abord la police sait mieux que toi quel peut être mon vrai nom ; mais si tu t’avises de me dénoncer, si tu as cette infamie, lui dit-il d’un grand sérieux, Ludovic te parlera, et ce n’est pas six coups de couteau que recevra ta vieille carcasse, mais deux douzaines, et tu seras pour six mois à l’hôpital, et sans tabac.

La vieille femme pâlit et se précipita sur la main de Fabrice qu’elle voulut baiser.

— J’accepte avec reconnaissance le sort que vous nous faites, à la Marietta et à moi. Vous avez l’air si bon, que je vous prenais pour un niais ; et pensez-y bien, d’autres que moi pourront commettre la même erreur ; je vous conseille d’avoir habituellement l’air plus grand seigneur. Puis elle ajouta avec une impudence admirable : Vous réfléchirez à ce bon conseil, et, comme l’hiver n’est pas bien éloigné, vous nous ferez cadeau à la Marietta et à moi de deux bons habits de cette belle étoffe anglaise que vend le gros marchand qui est sur la place Saint-Pétrone.

L’amour de la jolie Marietta offrait à Fabrice tous les charmes de l’amitié la plus douce, ce qui