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quelque affaire : souvenez-vous au moment de ma mort de l’état où mon âme se trouve en ce moment. Ce fut avec les transports de la joie la plus vive que Fabrice récita de nouveau les sept psaumes de la pénitence. Avant que de sortir il s’approcha d’une vieille femme qui était assise devant une grande madone et à côté d’un triangle de fer placé verticalement sur un pied de même métal. Les bords de ce triangle étaient hérissés d’un grand nombre de pointes destinées à porter les petits cierges que la piété des fidèles allume devant la célèbre madone de Cimabué. Sept cierges seulement étaient allumés quand Fabrice s’approcha ; il plaça cette circonstance dans sa mémoire avec l’intention d’y réfléchir ensuite plus à loisir.

— Combien coûtent les cierges ? dit-il à la femme.

— Deux bajocs pièce.

En effet, ils n’étaient guère plus gros qu’un tuyau de plume, et n’avaient pas un pied de long.

— Combien peut-on placer encore de cierges sur votre triangle ?

— Soixante-trois, puisqu’il y en a sept d’allumés. Ah ! se dit Fabrice, soixante-trois et sept font soixante-dix : ceci encore est à noter. Il paya les cierges, plaça lui-même et alluma les sept premiers, puis se mit à genoux pour faire son offrande, et dit à la vieille femme en se relevant :

– C’est pour grâce reçue.