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— Il ne s’agit pas de ça, reprit Ludovic d’un ton fort alarmé, on commence à parler de vous : on a remarqué que vous avez hésité en entrant dans notre vicolo et quittant la belle rue comme un homme qui chercherait à se cacher.

— Montez vite à la chambre, dit le mari.

Cette chambre, fort grande et fort belle, avait de la toile grise au lieu de vitres aux deux fenêtres ; on y voyait quatre lits larges chacun de six pieds et hauts de cinq.

— Et vite, et vite ! dit Ludovic ; il y a un fat de gendarme nouvellement arrivé qui voulait faire la cour à la jolie femme d’en bas, et auquel j’ai prédit que quand il va en correspondance sur la route, il pourrait bien se rencontrer avec une balle ; si ce chien-là entend parler de votre excellence, il voudra nous jouer un tour, il cherchera à vous arrêter ici afin de faire mal noter la Trattoria de la Théodolinde.

Hé quoi ! continua Ludovic en voyant sa chemise toute tachée de sang et des blessures serrées avec des mouchoirs, le porco s’est donc défendu ? En voilà cent fois plus qu’il n’en faut pour vous faire arrêter : je n’ai point acheté de chemise. Il ouvrit sans façon l’armoire du mari et donna une de ses chemises à Fabrice, qui bientôt fut habillé en riche bourgeois de campagne. Ludovic décrocha un filet suspendu à la muraille, plaça les habits de Fabrice dans le panier où l’on met le