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J’ai relu ces merveilleuses pages avec les mêmes palpitations de cœur qu’au temps jadis. Cela est, je ne l’ignore pas, d’un cru moindre. C’est du roman d’aventure, mais n’est-ce donc rien de tenir durant tout un demi-volume son lecteur haletant de curiosité et d’émotion ? Toute cette histoire est peu vraisemblable, je l’avoue ; mais celle de Monte-Christo chez l’abbé Faria l’est-elle davantage ? L’action si complexe et si mêlée, quand nous étions à la cour de Parme, court ici nette et dégagée et, pour ainsi dire, les coudes au corps.

C’est un morceau qu’on ne saurait trop louer.

Peut-être eût-il mieux valu que la Chartreuse de Parme se terminât aux scènes qui suivent cette évasion et forment une conclusion au récit. Stendhal, en mariant Clélia Conti à un homme qu’elle déteste et en lui donnant pour amant Fabrice, devenu archevêque, a commencé un nouveau roman, le roman du prêtre éperdument amoureux d’une dévote. Mais il n’a pas traité le sujet, et brusquement il a mis à son ouvrage un point final, en supprimant Clélia qui meurt de chagrin et en renfermant Fabrice pour le reste de ses jours à la Chartreuse de Parme. D’où le titre de l’ouvrage.

La Chartreuse de Parme est donc un livre mal composé ; tous les critiques l’avaient remarqué