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— XVIII —

Je tiens l’éloge pour juste.

On pourra objecter que l’Italie de Stendhal est par endroits une Italie de fantaisie ; qu’il s’est amusé à attribuer aux Italiens de 1815 quelques-unes des formes de passions et des tours de pensées qui étaient familiers aux contemporains de Benvenuto Cellini. Il y a du vrai dans cette remarque ; mais Stendhal n’en aura pas moins eu le mérite, nous transportant dans un autre milieu, de donner aux événements comme aux personnages une saveur exotique. Dans quelle Italie sommes-nous ? on peut discuter sur ce point. Ce qu’il y a de certain, c’est que nous ne sommes plus en France, mais bien en Italie, dans cette Italie où la grosse affaire est d’aimer et de jouir de la vie, en se moquant du qu’en-dira-t-on.

Il m’a toujours paru que cette admirable partie du récit plaisait moins aux femmes qu’aux hommes. Peut-être les personnages y sont-ils trop nombreux, les événements trop touffus, et il faut, pour se reconnaître dans ce fouillis d’intrigues, une extraordinaire contention d’esprit dont les lectrices de roman sont d’ordinaire peu capables.

Un autre défaut, si tant est que ce soit là un défaut, peut encore les inquiéter et gâter leur plaisir. Stendhal est un psychologue ; il aime à