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mais c’est de si bonne grâce ! elle a si peu de scrupules et elle croit de si ferme propos que la passion excuse tout et qu’une jolie femme a tous les droits quand son cœur est en jeu ! Ces crimes ne sont que gentillesses pour elle, et nous lui donnons raison avec l’auteur. Il l’a faite si séduisante ! une âme toujours maîtresse d’elle-même, un cœur extraordinairement tendre, un esprit libre de tout préjugé, et avec cela si vive, si naturelle en tous ses emportements, si chatte et si lionne ! M. Émile Zola aura beau dire ; j’en raffole.

Il n’est guère mieux porté pour son amant, le comte Mosca, à qui il en veut de n’être pas le grand diplomate qu’y a vu Balzac, qui avait cru que Stendhal avait sous les traits du comte Mosca voulu peindre le célèbre Metternich. Eh ! mais, Stendhal n’a jamais dit que le comte Mosca fût un grand homme, ni en paix ni en guerre. Il nous le donne pour un ministre d’infiniment d’esprit, très capable en affaires, mais ne trouvant pas dans cette cour minuscule du roi de Parme matière à exercer ses hautes facultés.

C’est un spectacle bien amusant de voir ce diplomate, qui a le génie de l’homme d’État et du courtisan, manœuvrer à travers toutes les intrigues de cette cour de Parme et s’en démêler avec une adresse prodigieuse, malgré les coups