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— XIV —

d’exposition qui vous plairont le mieux. Ils vous donneront, je crois, un plaisir sans mélange, et m’ont rendu à moi les fraîches impressions de ma jeunesse.

Ils ne sont pas aussi étrangers qu’on a bien voulu le dire à l’action qui va suivre ; car nous y apprenons à nous familiariser avec les divers mondes qui s’agitaient à cette époque de réaction folle (1816) en Italie ; et nous y faisons la connaissance de quelques-uns des personnages qui vont emplir le drame futur, et surtout de cette charmante duchesse Sanseverina, dont nous avons tous été amoureux fous en notre jeunesse, et que j’ai encore trouvée bien aimable, lors de ma dernière visite, à cinquante ans passés.

Ah ! que j’en veux à M. Émile Zola de la mauvaise humeur qu’il témoigne à cette pauvre Gina ! Il lui reproche ses amants et son indifférence à les prendre comme à les quitter. Mais Gina ne serait pas de son pays si elle n’avait point d’amants ; une fois avec le comte Mosca, elle ne lui fait plus que les infidélités qui lui sont commandées par d’impérieuses nécessités de salut, et elle les lui avoue si ingénument ! Elle aime peut-être un peu plus qu’il ne faudrait son beau neveu Fabrice ; mais elle se souvient toujours qu’elle pourrait être sa mère. Elle fait assassiner le prince de Parme ;