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dont il fut si délicieusement chatouillé, quand Balzac, de sa robuste main, lui renversa sur la tête une énorme charretée d’éloges.

C’était justement à propos de cette Chartreuse de Parme dont nous allons nous entretenir ensemble.

Balzac ne trouve qu’une critique à faire : c’est que le roman ne se tient pas ; il ne forme pas un tout organisé et vivant. C’est une biographie plutôt qu’un roman : l’auteur prend son héros à l’époque même où il est né, et même quelque peu auparavant, il conte ingénument les accidents de sa vie, sans trop s’inquiéter de les relier les uns aux autres ; il imite en cela les procédés de la nature, qui ne se met en peine ni de logique ni d’art ; mais le romancier n’est-il qu’un simple annaliste ? Son seul but doit-il être de suivre le courant des faits, et d’aller là où ils le portent, sans se marquer par avance un but à atteindre ? Balzac, et après lui Zola, montrent doctement qu’il y a trois romans superposés dans ce roman, et que le dernier même n’est pas terminé. Stendhal l’arrête à peine commencé, et met un point final.

Ces observations sont justes et elles ne le sont pas ; elles sont justes sans l’être. L’idée première de Stendhal a été de peindre les mœurs de l’Italie à un moment donné de son histoire. Il