que j’achète la bienveillance de mes camarades les hussards de l’escorte.
— Donnez-moi le reste de la bouteille, dit-il à la vivandière.
— Mais sais-tu, répondit-elle, que ce reste-là coûte dix francs, un jour comme aujourd’hui ?
Comme il regagnait l’escorte au galop,
— Ah ! tu nous rapportes la goutte, s’écria le maréchal-des-logis ; c’est pour ça que tu désertais ? Donne.
La bouteille circula ; le dernier qui la prit la jeta en l’air après avoir bu. — Merci, camarade ! cria-t-il à Fabrice. Tous les yeux le regardèrent avec bienveillance. Ces regards ôtèrent un poids de cent livres de dessus le cœur de Fabrice : c’était un de ces cœurs de fabrique trop fine qui ont besoin de l’amitié de ce qui les entoure. Enfin il n’était plus mal vu de ses compagnons, il y avait liaison entre eux ! Fabrice respira profondément, puis d’une voix libre, il dit au maréchal-des-logis :
— Et si le capitaine Teulier a été tué, où pourrai-je rejoindre ma sœur ? Il se croyait un petit Machiavel, de dire si bien Teulier au lieu de Meunier.
— C’est ce que vous saurez ce soir, lui répondit le maréchal-des-logis.
L’escorte repartit et se porta vers des divisions d’infanterie. Fabrice se sentait tout à fait enivré ;