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étonnant ! Au milieu de tous ces raisonnements, la marquise avait des remords ; sa conduite avait été si belle depuis quatorze mois ! Enfin, se dit-elle, pour trouver quelque paix avec elle-même, si la première femme qui viendra ce soir a été entendre prêcher monsignore del Dongo, j’irai aussi ; si elle n’y est point allée, je m’abstiendrai.

Une fois ce parti pris, la marquise fit le bonheur du Gonzo en lui disant :

— Tâchez de savoir quel jour le coadjuteur prêchera, et dans quelle église ? Ce soir, avant que vous ne sortiez, j’aurai peut-être une commission à vous donner.

À peine Gonzo parti pour le Corso, Clélia alla prendre l’air dans le jardin de son palais. Elle ne se fit pas l’objection que depuis dix mois elle n’y avait pas mis les pieds. Elle était vive, animée ; elle avait des couleurs. Le soir, à chaque ennuyeux qui entrait dans le salon, son cœur palpitait d’émotion. Enfin on annonça le Gonzo, qui, du premier coup d’œil, vit qu’il allait être l’homme nécessaire pendant huit jours ; la marquise est jalouse de la petite Marini, et ce serait, ma foi, une comédie bien montée, se dit-il, que celle dans laquelle la marquise jouerait le premier rôle, la petite Anetta la soubrette, et monsignore del Dongo l’amou-