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être le successeur de Pétrarque, dont le renom augmentera le vôtre. Le comte se mettait l’esprit à la torture pour faire naître un sourire sur cette figure d’anachorète, mais il n’y put parvenir. Ce qui rendait le changement plus frappant, c’est qu’avant ces derniers temps, si la figure de Fabrice avait un défaut, c’était de présenter quelquefois, hors de propos, l’expression de la volupté et de la gaieté.

Le comte ne le laissa point partir sans lui dire que, malgré son état de retraite, il y aurait peut-être de l’affectation à ne pas paraître à la cour le samedi suivant, c’était le jour de naissance de la princesse. Ce mot fut un coup de poignard pour Fabrice. Grand Dieu ! pensa-t-il, que suis-je venu faire dans ce palais ! Il ne pouvait penser sans frémir à la rencontre qu’il pouvait faire à la cour. Cette idée absorba toutes les autres ; il pensa que l’unique ressource qui lui restât était d’arriver au palais au moment précis où l’on ouvrirait les portes des salons.

En effet, le nom de monsignore del Dongo fut un des premiers annoncés à la soirée de grand gala, et la princesse le reçut avec toute la distinction possible. Les yeux de Fabrice étaient fixés sur la pendule, et, à l’instant où elle marqua la vingtième minute de sa présence dans ce salon, il se