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maigreur de la marquise Balbi, sa maîtresse, laquelle laissait, dit-on, la marque d’une pincette sur le coussin des bergères après s’y être assise un instant. On eût juré que toutes ces lettres étaient écrites de la main de madame Sanseverina.

— Maintenant je sais à n’en pas douter, dit la marquise, que l’ami du cœur, que le Fabrice est à Bologne ou dans les environs.

— Je suis trop malade, s’écria le comte Baldi en l’interrompant ; je demande en grâce d’être dispensé de ce second voyage, ou du moins je voudrais obtenir quelques jours de repos pour remettre ma santé.

— Je vais plaider votre cause, dit Riscara ; il se leva et parla bas à la marquise.

— Eh bien ! soit, j’y consens, répondit-elle en souriant. Rassurez-vous, vous ne partirez point, dit la marquise à Baldi d’un air assez dédaigneux.

— Merci, s’écria celui-ci avec l’accent du cœur. En effet, Riscara monta seul en chaise de poste. Il était à peine à Bologne depuis deux jours, lorsqu’il aperçut dans une calèche Fabrice et la petite Marietta.

— Diable ! se dit-il, il paraît que notre futur archevêque ne se gêne point ; il faudra faire connaître ceci à la duchesse, qui en sera charmée. Riscara n’eut que la peine