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plus que c’est elle qui m’a fait rendre une voix consultative dans la nomination des officiers de ma maison ? Elle se croit donc obligée de me donner des motifs pour la place du marquis, comme si son désir exprimé n’était pas pour moi le premier des motifs ? Le marquis aura la place, si je puis quelque chose ; et il y en aura toujours une dans mon cœur, et la première, pour mon aimable duchesse. Mon fils se sert absolument des mêmes expressions, un peu fortes pourtant dans la bouche d’un grand garçon de vingt et un ans, et vous demande des échantillons de minéraux de la vallée d’Orta, voisine de Belgirate. Vous pouvez adresser vos lettres, que j’espère fréquentes, au comte, qui vous déteste toujours et que j’aime surtout à cause de ces sentiments. L’archevêque aussi vous est resté fidèle. Nous espérons tous vous revoir un jour : rappelez-vous qu’il le faut. La marquise Ghisleri, ma grande-maîtresse, se dispose à quitter ce monde pour un meilleur : la pauvre femme m’a fait bien du mal ; elle me déplaît encore en s’en allant mal à propos ; sa maladie me fait penser au nom que j’eusse mis autrefois avec tant de plaisir à la place du sien, si toutefois j’eusse pu obtenir ce sacrifice