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dangers vous environnent, on vous arrêtera dans cette ville !

— Le tribun vous dira : Madame, qu’est-ce que la vie quand le devoir parle ? L’homme malheureux, et qui a la douleur de ne plus sentir de passion pour la vertu depuis qu’il est brûlé par l’amour, ajoutera : Madame la duchesse, Fabrice, un homme de cœur, va périr ; peut-être ne repoussez pas un autre homme de cœur qui s’offre à vous ! Voici un corps de fer et une âme qui ne craint au monde que de vous déplaire.

— Si vous me parlez encore de vos sentiments, je vous ferme ma porte à jamais.

La duchesse eut bien l’idée, ce soir-là, d’annoncer à Ferrante qu’elle ferait une petite pension à ses enfants, mais elle eut peur qu’il ne partît de là pour se tuer.

À peine fut-il sorti que, remplie de pressentiments funestes, elle se dit : Moi aussi je puis mourir, et plût à Dieu qu’il en fût ainsi, et bientôt ! si je trouvais un homme digne de ce nom à qui recommander mon pauvre Fabrice.

Une idée saisit la duchesse : elle prit un morceau de papier et reconnut, par un écrit auquel elle mêla le peu de mots de droit qu’elle savait, qu’elle avait reçu du sieur Ferrante Palla la somme de 25.000 francs, sous l’expresse condition