Page:Stendhal - La Chartreuse de Parme, II, 1927, éd. Martineau.djvu/104

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Rassi. Enfin il ne se passait pas de semaine sans que ce malheureux nom ne vint s’enchâsser dans quelque sonnet atroce. Son fils, jeune et innocent écolier de seize ans, était chassé des cafés, sur son nom.

C’est le souvenir brûlant de tous ces agréments de sa position qui lui fit commettre une imprudence.

— J’ai une terre, dit-il au comte en rapprochant sa chaise du fauteuil du ministre, elle s’appelle Riva, je voudrais être baron Riva.

— Pourquoi pas ? dit le ministre. Rassi était hors de lui.

— Eh bien ! monsieur le comte, je me permettrai d’être indiscret, j’oserai deviner le but de vos désirs, vous aspirez à la main de la princesse Isota, et c’est une noble ambition. Une fois parent, vous êtes à l’abri de la disgrâce, vous bouclez notre homme. Je ne vous cacherai pas qu’il a ce mariage avec la princesse Isota en horreur ; mais si vos affaires étaient confiées à quelqu’un d’adroit et de bien payé, on pourrait ne pas désespérer du succès.

— Moi, mon cher baron, j’en désespérais ; je désavoue d’avance toutes les paroles que vous pourrez porter en mon nom ; mais le jour où cette alliance illustre viendra enfin combler mes vœux et me donner une si haute position dans l’état,