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l’endroit commençait à me trouver jacobin. Dans mon exil j’ai découvert que je ne sais rien, pas même le latin, pas même l’orthographe. J’avais le projet de refaire mon éducation à Novare, j’étudierai volontiers la théologie à Naples : c’est une science compliquée. La duchesse fut ravie ; si nous sommes chassés, lui dit-elle, nous irons te voir à Naples. Mais puisque tu acceptes jusqu’à nouvel ordre le parti des bas violets, le comte, qui connaît bien l’Italie actuelle, m’a chargé d’une idée pour toi. Crois ou ne crois pas à ce qu’on t’enseignera, mais ne fais jamais aucune objection. Figure-toi qu’on t’enseigne les règles du jeu de whist ; est-ce que tu ferais des objections aux règles du whist ? J’ai dit au comte que tu croyais, et il s’en est félicité ; cela est utile dans ce monde et dans l’autre. Mais si tu crois, ne tombe point dans la vulgarité de parler avec horreur de Voltaire, Diderot, Raynal, et de tous ces écervelés de Français précurseurs des deux chambres. Que ces noms-là se trouvent rarement dans ta bouche ; mais enfin quand il le faut, parle de ces messieurs avec une ironie calme ; ce sont gens depuis longtemps réfutés, et dont les attaques ne sont plus d’aucune conséquence. Crois aveuglément tout ce que l’on te dira à l’Académie. Songe