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des châteaux en Espagne de toute ma vie. J’écrirai à ma mère, qui sera assez bonne pour venir me voir à Belgirate, sur la rive piémontaise du lac Majeur, et le trente et unième jour après celui-ci, je serai incognito dans Parme.

— Garde-t’en ! bien s’écria la duchesse. Elle ne voulait pas que le comte Mosca la vît parler à Fabrice.

Les mêmes personnages se revirent à Plaisance ; la duchesse cette fois était fort agitée ; un orage s’était élevé à la cour ; le parti de la marquise Raversi touchait au triomphe il était possible que le comte Mosca fût remplacé par le général Fabio Conti, chef de ce qu’on appelait à Parme le parti libéral. Excepté le nom du rival qui croissait dans la faveur du prince, la duchesse dit tout à Fabrice. Elle discuta de nouveau les chances de son avenir, même avec la perspective de manquer de la toute-puissante protection du comte.

— Je vais passer trois ans à l’Académie ecclésiastique de Naples, s’écria Fabrice ; mais puisque je dois être avant tout un jeune gentilhomme, et que tu ne m’astreins pas à mener la vie sévère d’un séminariste vertueux, ce séjour à Naples ne m’effraie nullement, cette vie-là vaudra bien celle de Romagnano ; la bonne compagnie de