Page:Stendhal - La Chartreuse de Parme, I, 1927, éd. Martineau.djvu/209

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

il est agréable de faire l’adversaire repic et capot.

La comtesse pensait souvent à l’auteur de tant de lettres aimables ; le jour où elle les recevait était agréable pour elle ; elle prenait sa barque et allait les lire dans les beaux sites du lac, à la Pliniana, à Bélan, au bois des Sfondrala. Ces lettres semblaient la consoler un peu de l’absence de Fabrice. Elle ne pouvait du moins refuser au comte d’être fort amoureux ; un mois ne s’était pas écoulé, qu’elle songeait à lui avec une amitié tendre. De son côté, le comte Mosca était presque de bonne foi quand il lui offrait de donner sa démission, de quitter le ministère, et de venir passer sa vie avec elle à Milan ou ailleurs. J’ai 400,000 fr., ajoutait-il, ce qui nous fera toujours 15,000 livres de rente. De nouveau une loge, des chevaux etc., se disait la comtesse c’étaient des rêves aimables. Les sublimes beautés des aspects du lac de Côme recommençaient à la charmer. Elle allait rêver sur ses bords à ce retour de vie brillante et singulière qui, contre toute apparence, redevenait possible pour elle. Elle se voyait sur le Corso, à Milan, heureuse et gaie comme au temps du vice-roi ; la jeunesse, ou du moins la vie active recommencerait pour moi !