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Pietranera, son mari, était un des grands remords de sa vie, et il trouvait un moyen d’abolir ce remords.

Le matin, quand la comtesse était sortie de chez lui : La voilà qui fait l’amour avec son neveu, s’était-il dit avec amertume, car il n’était point guéri. Altière comme elle l’est, être venue chez moi !… À la mort de ce pauvre Pietranera, elle repoussa avec horreur mes offres de service, quoique fort polies et très-bien présentées par le colonel Scotti, son ancien amant. La belle Pietranera vivre avec 1,500 francs ! ajoutait le chanoine en se promenant avec action dans sa chambre ! Puis aller habiter le château de Grianta avec un abominable secatore, ce marquis del Dongo !… Tout s’explique maintenant ! Au fait, ce jeune Fabrice est plein de grâces, grand, bien fait, une figure toujours riante… et, mieux que cela, un certain regard chargé de douce volupté… une physionomie à la Corrége, ajoutait le chanoine avec amertume.

La différence d’âge… point trop grande… Fabrice né après l’entrée des Français, vers 98, ce me semble ; la comtesse peut avoir vingt-sept ou vingt-huit ans, impossible d’être plus jolie, plus adorable ; dans ce pays fertile en beautés, elle les bat toutes ; la Marini, la Gherardi, la Ruga, l’Aresi,