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les entoure. Enfin il n’était plus mal vu de ses compagnons, il y avait liaison entre eux ; Fabrice respira profondément, puis d’une voix libre, il dit au maréchal-des-logis :

— Et si le capitaine Teulier a été tué, où pourrai-je rejoindre ma sœur ? Il se croyait un petit Machiavel, de dire si bien Teulier au lieu de Meunier.

— C’est ce que vous saurez ce soir, lui répondit le maréchal-des-logis.

L’escorte repartit et se porta vers des divisions d’infanterie. Fabrice se sentait tout à fait enivré ; il avait bu trop d’eau-de-vie, il roulait un peu sur sa selle ; il se souvint fort à propos d’un mot que répétait le cocher de sa mère : Quand on a levé le coude, il faut regarder entre les oreilles de son cheval, et faire comme fait le voisin. Le maréchal s’arrêta longtemps auprès de plusieurs corps de cavalerie qu’il fit charger ; mais pendant une heure ou deux notre héros n’eut guère la conscience de ce qui se passait autour de lui. Il se sentait fort las, et quand son cheval galopait il retombait sur la selle comme un morceau de plomb.

Tout à coup le maréchal-des-logis cria à ses hommes :

— Vous ne voyez donc pas l’Empereur, s… ! Sur-le-champ l’escorte cria vive l’Em-