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hommes au galop se détacher sur cette fumée blanche.

Tout à coup, du côté de l’ennemi, Fabrice vit quatre hommes qui arrivaient ventre à terre. Ah ! nous sommes attaqués, se dit-il ; puis il vit deux de ces hommes parler au maréchal. Un des généraux de la suite de ce dernier partit au galop du côté de l’ennemi, suivi de deux hussards de l’escorte et des quatre hommes qui venaient d’arriver. Après un petit canal que tout le monde passa, Fabrice se trouva à côté d’un maréchal-des-logis qui avait l’air fort bon enfant. Il faut que je parle à celui-là, se dit-il, peut-être ils cesseront de me regarder. Il médita longtemps.

— Monsieur, c’est la première fois que j’assiste à la bataille, dit-il enfin au maréchal-des-logis ; mais ceci est-il une véritable bataille ?

— Un peu. Mais vous, qui êtes-vous ?

— Je suis frère de la femme d’un capitaine.

— Et comment l’appelez-vous, ce capitaine ?

Notre héros fut terriblement embarrassé ; il n’avait point prévu cette question. Par bonheur, le maréchal et l’escorte repartaient au galop. Quel nom français dirai-je ? pensait-il. Enfin il se rappela le nom du maître de l’hôtel où il avait logé