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1810 — 20 avril.
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paris

que, je vais chez Mme de Bézieux, où je prends de bon thé jusqu’à dix heures et demie. De là chez Mme Shepherdrie*. Je vois en entrant qu’on m’a vu bien avec Mme Roger. Il y avait une nuance de la réception qu’une femme fait à un homme qu’elle sait s’être déclaré pour sa rivale. Considération et genre sostenuto, diraient les Italiens. Mme Blanche me raconte que je l’ai saluée hier ; je lui dis, ce qui est vrai, que je ne les ai pas aperçues. Elles m’ont vu en allant, donnant le bras à Mme R. Mme Blanche s’est crue obligée à en faire l’éloge. Melle Jules m’a adressé la parole en tremblant presque, du moins Bellisle en a fait la remarque tout haut. J’ai tâché de n’être pas froid, et en suis sorti à onze et demie, après vingt minutes de visite, avec Louis qui m’a dit que Mme Doligny avait été étonnée de ne pas me voir à déjeuner.

Je ne suis pas disposé à écrire. Tout ce que je viens d’écrire est mal écrit ; mais je voulais noter le bonheur d’hier. Ce sentiment m’a si souvent rendu malheureux qu’il est bien juste qu’il me donne quelque bonheur. Premier jour où la verdure des Tuileries fait masse.


20 avril 1810.


(Au Val-de-Grâce, Mme Saint-Romain.)

Non ho genio a scrivere, ma perô bisogna far materia a ridere pel futuro anno. E dunque il terzo giorno