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journal de stendhal

maque par Talma. Je m’occupe presque tout le temps de deux femmes : une étrangère, figure à caractère dans le genre de Mme Le Brun, une femme non jolie, mais à volupté. Je la soupçonne tant soit peu fille, car elle m’a fait sur la fin des yeux très humains. La petite Maillard*, contre-épreuve faible de Duchesnois. Les spectateurs ne montrent de chaleur que pour se pousser à la porte. La pièce ne me fait pas un grand effet, je la sais trop par cœur. À la fin, Oreste m’a fait pitié, j’ai eu les larmes aux yeux en son honneur.


16.


Ce jour-là et le 15, j’ai déjeuné chez Mme de Trautmand. Le 16, tête-à-tête, embarras de ma part. Il faut réellement qu’elle ait de l’amour pour moi ou un diminutif de ce sentiment, pour me faire tant de façons. Il est vrai que hier for her I am gone to the sermon* : un homme doux imitant Fénelon, mais manquant cependant une superbe occasion de nous faire pleurer. Le soir, je vais au concert de Libon*. Salle charmante, très éclairée, mais au total ennui. Vu en sortant Mme D[aru] qui m’avait salué avec amitié ; m’adresse encore la parole avec une bonté parfaite.


Mardi, 17 avril.


Je travaille beaucoup. À force de réflexions, mes après-dînées sont occupées et avec plaisir. Aujour-