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1810 — 14 avril.
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paris


Depuis que je n’ai écrit, j’ai cru voir vingt preuves d’amour, mais nos tête-à-tête un peu froids tuent tout. Si elle avait un peu plus de rapports avec moi, nous serions convenus que nous nous aimons[1]. J’ai été piqué trois jours tout à fait mal à propos. Puisque son âme n’a pas assez de rapports avec la mienne pour qu’une grande bataille décide tout, devenir familier, plaisanter, me faire intime. J’ai réfléchi que le hasard m’a mis dans une bonne position auprès d’elle. Je suis (pendant l’absence de son oncle) le seul amant qu’elle puisse avoir avec commodité, sans qu’il y paraisse.

J’ai acheté aujourd’hui, Bellisle me conseillant, une chaîne et des cachets.

J’ai dîné il y a huit jours chez Mme Martin avec Mme Longueville* : des restes de beauté, yeux de fièvre nerveuse qu’elle a souvent. C’est une reconnaissance de la galerie.


14th april 1810.

J’ai vécu aujourd’hui de mes pensées et de mes sentiments. Je n’ai parlé à âme qui vive que les garçons de café et de restaurateur et mon domestique. En revanche, j’ai lu 70 pages du premier volume de Malthus. J’ai trouvé de bonnes pensées for my b. dans le troisième volume d’Arthur Young. Dîné en poste chez Lambert* pour aller à Andro-

  1. Les yeux sont d’accord mais ils n’ont point parlé