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journal de stendhal

titre du lien Ouhéhihé est toujours en petits mouvements spasmodiques et paraît à découvert ce que nous le savons d’un autre côté : homme très médiocre.

Crozet, qui a réellement une sagacité extrême et de la sensibilité et qui est, sans contredit, un homme d’esprit, est gâté chez ces divines beautés, c’est là leur nom propre, par la contenance d’un pédant. Je lui désirerais de l’aisance, de la liberté, de l’enjouement, cette facilité noble de Wakefield, duquel au reste tout le monde est infiniment éloigné.

Moi, enfin, je m’ennuyais et devais avoir l’air peu aimable.

Avec un grain de génie politique (l’art d’arriver à un but avec les éléments qu’on possède), cette soirée si terne eût été fort agéable. Il y avait tous les éléments du bonheur :

1° la jeunesse ;

2° de l’esprit ;

3° de la beauté ;

4° de la santé ;

5° de l’aisance pécuniaire ;

6° de l’usage du monde.

Une plate habitude de dignité gâtait tout. Au village, nous aurions eu une gaieté folle, en Allemagne nous nous serions amusés, en Italie la volupté se serait élevée au milieu de nous et nous eût fait suivre ses douces lois. La corruption française était si grande que le plus aimable des hommes eût-il