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journal de stendhal


deux ou trois campagnes, vu Vienne, Kœnigsberg, etc., et ça est d’un dégoûtant et d’un sot à faire mal au cœur.

Cette tirade morale a l’air d’un hors-d’œuvre, point du tout.

Après le dîner, nous baguenaudâmes, je fus trois quarts d’heure avec M. Marig *. L’Uno, comédie d’Alfieri.

Ensuite, je baguenaudai avec Lhoste, ma ressource ce jour-là. Vrai Français ; ça ne sait rien, mais ça a toujours ce premier mouvement généreux et ouvert. Ensuite, ça n’a nulle éducation, des mœurs basses, parce que la mère exerce un métier, je ne sais lequel.

Je lui proposai, sur les trois heures, de monter un coteau qui était derrière le village et du haut duquel on prétendait qu’on voyait le Danube. Nous y grimpâmes et ne vîmes pas le Danube, qu’on apercevait à peine à une grande lieue de là, mais un bois de pins tout à fait singulier. C’étaient des perches de 30 à 40 pieds de haut, avec un très petit bouquet de verdure au sommet. Ces pieds droits étaient fort serrés. Nous descendîmes, jouîmes du début du printemps, qui pour nous a commencé le jour de notre arrivée à Melk * (le 8 ou 9). Les marronniers de Melk bourgeonnaient seulement, ceux de Vienne sont en pleine verdure et prêts à fleurir. Après avoir examiné la vallée derrière le village de … *, nous tournâmes à gauche et entrâmes dans