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1809 — 12 mai.
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allemagne

bien. On dit qu’il fit de même il y a trois ans et que cette fois S. M. lui a fait remettre cent napoléons, en lui disant qu’il se souviendrait de lui.

Nous fîmes un dîner, pas trop exécrable, chez le curé ; il nous coûta quatre florins en papier chacun. Le florin vaut, en argent 24/11 livres, mais on changea un double napoléon contre 36 florins, d’où je conclus que le florin vaut un franc onze centimes, ou vingt-deux sous.

Je payai pour M. M., qui était avec nous, je donnai dix florins ; quand je réclamai les deux florins qui revenaient, personne ne sut ce qu’ils étaient devenus. C’est moins que rien, mais on peut juger de l’égoïsme et même de la malveillance qui nous anime les uns à l’égard des autres.

Celui qui l’est le moins, c’est Cuny. L’obligeance est son caractère ; on le lui a dit, il y était porté naturellement, il est parti de là pour en faire état, mais son obligeance n’est pas aimable : il manque totalement de rondeur. Le moins obligeant, c’est sans contredit Lacombe l’aîné. C’est un tartufe de bonté et d’obligeance, mais l’esprit manque pour soutenir ce caractère et le cuistre (c’est le mot propre) perce de tous les côtés. Son frère a le même caractère, avec moins de douceur parce qu’il est moins tartufîé.

Le frère se nomme Tony. C’est une éducation allemande. Ça sait de tout : le grec, la musique, la géographie, la botanique, etc., que sais-je ! Ça a fait