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journal de stendhal

non pas ces cadavres horribles avec le nez brûlé et le reste de la figure reconnaissable.

Nous arrivâmes à Enns, où nous sommes. Rien de remarquable. L’aimable M[arti]al me promet de faire mon affaire ici. J’ai couché cette nuit (du 5 au 6) dans le logement de Richard. Sans le caractère usurpant, intrigant, effronté, on ne fait rien à l’armée.


Enns, le 7 mai 1809.


Nous sommes toujours dans cette grande et triste chambre de la Municipalité. Nous y couchons, travaillons, mangeons environ trente ; qu’on juge de l’humeur, de l’odeur, etc.

N’ayant rien à faire, et obligé d’être à une table la plume à la main, je bavarde comme d’autres fument.

Nous partîmes de Burghausen vers les onze heures du matin, le…*. Notre voiture fut sur le point de reculer dans la Salzach après avoir passé le pont. M. Cuny se donna beaucoup de peine, mais sans que cette force-là fût bien appliquée ; il se couvrit de boue, tomba deux fois, et finit par se croire mort, ce qui nous fit faire, les glaces fermées, la route de Burghausen à Braunau. On est d’abord sur le plateau, élevé de deux à trois cents pieds au-dessus de la Salzach * ; on y a des échappées charmantes, une échancrure dans le coteau permet d’apercevoir la Salzach et la plaine au-delà, qui est