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1809 — 24 avril.
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allemagne


dérable ; cette rivière forme une île en avant de Landshut.

Cette ville fit sur moi l’impression de l’Italie. J’y vis en demi-heure cinq à six figures de femme d’un ovale beaucoup plus parfait qu’il n’appartient à l’Allemagne. J’attendis deux heures M. D[aru] et la suite pour leur remettre leurs billets. Ils arrivèrent enfin, et depuis lors nous gîtons à Landshut. Hier, après dîner, M. D[aru] chargea Florian d’un hôpital. Bénard et moi y allâmes comme amateurs, et fîmes tout jusqu’à minuit ; nous soutînmes des malades qui descendaient de charrette, et enfin moi, qui ne suis pas indulgent pour moi, je ne trouvai rien à me reprocher.

Nous vînmes deux fois chez M. D[aru], qui nous bourra ferme la première, pas beaucoup la deuxième, et il avait raison la deuxième. Il nous demanda le nombre de malades ; Bénard, qui parlait (ils ont plus de courage que moi, à cause de deux ans d’habitude), dit cent soixante. « Ah bah ! Il y en avait quatre cent cinquante ce matin ! » Heureusement, il dormait ; ça finit là.

Rien de nouveau ; détails d’un hôpital en désordre. Économe fripon et de mauvaise volonté. Un seul chirurgien autrichien pour tout, plein de bonne volonté. Nous parlons italien, et arrangeons tout pour le mieux.

Ce matin (24), je suis venu chez M. D[aru] et de là monté avec de Senneville* à son hôpital,