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journal de stendhal

sont ouverts au même mot, le…* mouvant de Wolfenvuttel. Je n’y réussis guère. Après cela, excellente comédie de Ri.* disant des vers, et Lacombe* gesticulant, ensuite le vieux paillard chez les filles par Lacombe.

Jamais M. D[aru] ne m’aimera : il y a quelque chose dans nos caractères qui se repousse. Il ne m’a parlé que sept à huit fois depuis notre entrée en campagne, et toujours c’était par exclamation profondément sentie : « L’étourdi ! Un étourdi comme vous ! N’y allez pas, un étourdi comme vous ferait sur-le-champ une querelle à ces gens-là. »

Il a dit, l’année dernière, à propos de je ne sais quoi : « Il faut mener les jeunes gens avec des verges de fer, c’est le seul moyen d’obtenir des résultats. » Je ne sais pas si M. D[aru] m’applique cette maxime, et, me croyant un caractère profondément étourdi et présomptueux, veut le mâter par une disgrâce continuelle et sans exception, ou si…* Ce qu’il y a de sûr, c’est que ses yeux s’arrêtent avec bienveillance sur M.*, jeune homme dont assurément je ne veux pas dire de mal, mais auquel je suis supérieur par l’expérience, et jamais je n’ai eu un tel regard.

Je vis donc négligé (negletto) au milieu des seize ou dix-sept com[missaires] d[es] g[uerres] attachés à M. D[aru], et mes camarades ne m’aiment point. Les sots ont commencé par me trouver l’air ironique. L’ambitieux a vu en moi un rival et m’a