Page:Stendhal - Journal, t3, 1932, éd. Debraye et Royer.djvu/26

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
8
journal de stendhal


19 avril.


Cette journée a été pour moi fertile en sensations. Nous nous sommes levés à six heures, n’ayant pas de chevaux pour rejoindre M. D[aru] à Ingolstadt. La bonne foi allemande nous en a procuré. M. C. en avait retenu la veille à la poste, qui en a seize, je crois, et malgré le départ de S. M. et celui de quatre-vingt ou cent voitures qui l’ont suivi à Ingolstadt, le maître de poste s’est fidèlement souvenu de sa promesse. Nos chevaux arrivaient comme d’Estourmel, qui est cap[itai]ne près du prince, arrivait aussi à Ingolstadt pour aller porter un ordre à Dillingen. Nous lui avons cédé deux de nos chevaux contre deux des siens, venant de Burgheim. Enfin, nous sommes partis vers les dix heures, après nous être bourrés, par précaution. Nous sommes arrivés sans encombre à Burgheim, après avoir traversé le Leck, rivière assez rapide, sur un pont devant lequel on fait depuis peu de jours une tête de pont. Nous avons traversé Rain, misérable ville. Le pays a la physionomie de la plaine qui est en avant de Ridagshausen.

À Burgheim, nous avons vu des régiments allemands de la Confédération du Rhin (division Reille) tomber sur des oies et les tuer à coups de sabre, ce spectacle m’a beaucoup amusé. Le maî-