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journal de stendhal

sures, c’est ce qui ferait un très mauvais effet auprès de M. D[aru]. Je saisis donc des chevaux par la bride ; résistance ; mais enfin mon uniforme et une pièce de 2 florins les décidèrent à venir à l’hôtel. Je ne cessai de crier et de disputer qu’assez avant dans la rue, où une femme venait nous faire payer la poste.

Au sortir de la ville, nous remarquâmes un très beau jardin anglais qu’on plantait ; quelques pas plus loin, il s’agit de faire aller nos paysans sur le chemin de Donauwerth ; nous prîmes beaucoup d’informations et suivîmes un chemin fort agréable bordé de coteaux couverts de vignes et dont les terres étaient retenues par des murs à [sic] pierres sèches. J’en comptai plusieurs fois jusqu’à seize les uns au-dessus des autres. Les plans de terre derrière les murs sont en pente, ils sont séparés par des sentiers étroits garnis de marches, dirigés directement vers le sommet de la montagne. J’imagine que lorsqu’il pleut ils servent de ruisseaux*.

Nous traversâmes un pont assez élevé au-dessus du Neckar. Après ce pont vient une ville agréable qui a aussi un clocher en filigrane, comme celui de Strasbourg. Nous apprîmes, une lieue plus loin, que nous n’étions point sur la route de Donauwerth, mais bien sur celle d’Ulm.

Heureuse erreur ! Nous n’eûmes plus d’inquiétude pour les chevaux jusqu’à Dillingen, où nous rejoignîmes le lendemain la véritable route. Nous