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1809 — 12 avril.
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allemagne

faire leur cour à l’empereur Napoléon, à Louisbourg ».

Nous trouvâmes à l’auberge de l’Empereur romain cinq ou six de nos camarades à table (MM. Blondin, Dervillé, Blin-Mutrel*, son fils, Valette, etc.) ; notre souper, jugé unanimement mauvais, fut bon pour moi parce qu’il y avait des pommes de terre frites très à propos.

Il n’y avait pas de chevaux, ni apparence qu’il en arriverait, on résolut de se coucher. J’allai vite me jeter sous un de ces tristes coussins de plume qui servent de couvertures de lit en Allemagne*. J’y fus au supplice jusqu’à cinq heures, que j’éveillai M. C. Découragement et désespoir général ; nous nous voyons retenus indéfiniment à Stuttgart, il n’y avait pas de chevaux.

Dès que j’eus pu obtenir mes bottes, perdues dans cette immense maison, je sortis ; en arrivant sur la place de la poste, je vis arriver des chevaux qui se dirigeaient vers la poste, je trouvai inutile de les arrêter. Il était clair que des paysans allemands, arrivant de si loin pour aller à la poste, me repousseraient avec perte. Heureusement, il en passa assez pour que j’eusse le temps de réfléchir que ce qui pouvait m’arriver de pis était une dispute avec sept à huit personnages furieux qui cassaient et brisaient tout, disait-on, dans la maison de poste. Ces disputes m’ennuient beaucoup, ne pas les pousser à bout est triste, les terminer par les grandes me-