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1810 — 9 mai.
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paris

rapidement chez M. de Clédat*, cour du Dragon. Les rues de Versailles sont d’une capitale, les boutiques et les habitants d’une ville de province, l’appartement et la société de M. de Clédat de même, surtout une Mme d’Aguesseau, un peu Escarbagnas de qualité, et sa femme, grande joufflue blonde de quarante ans, qu’il appelle sa Pauline.

Nous partons pour Trianon après un verre d’excellent malaga. M. Clédat, quoique un peu versaillomane, ne manque pas d’esprit, et il le prouve en ayant des vins excellents, mais sans glace ; c’est bien dommage.

Les Trianons sont jolis ; rien de triste, rien de majestueux. Les ameublements ne sont pas assez beaux pour un souverain qui veut jouer ce rôle, ils manquent quelquefois de la commodité que rechercherait l’homme voluptueux en quittant l’habit de souverain. Les appartements du prince de Saxe-Teschen valent mieux, je crois[1].

Nous rencontrons à chaque instant M. de Marescalchi et sa troupe. Nous sommes gais, amusés, contents. Beaux meubles en acajou ornés de bronzes charmants. Joli tableau de la bataille d’Arcole. Mauvais bustes de famille, mais avec des inscriptions de bon goût, les noms seulement, Louis, Joseph, Élisa, Pauline. La chambre de l’empereur me frappe par l’absence de la volupté : petite, peu

  1. Vus à Vienne en 1809 *.