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1810 — 26 avril.
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paris

de moi. Elle m’a appelé deux ou trois fois, et pour me dire des riens*.

En un mot, ce que Mme Doligny est pour Louis*, elle l’est pour moi. Pour les autres personnes auxquelles elle parle, c’est de l’honnêteté, c’est le désir de remplir le devoir de maîtresse de maison ; pour Louis et pour moi, ces dames ont de l’intérêt, une attention soutenue, on voit qu’elles pensent et sentent ce qu’elles disent. Mme B[eugnot] est des plus timides en parlant à Louis.

(De là, je suis allé passer la soirée chez Mme Daru, qui recevait.)

Je ne veux pas dire d’injure à Bellisle, mais il faut cependant exprimer que son âme a la qualité d’être émue par des événements infiniment petits et affectant la vanité. C’est là que l’on voit qu’il est encore jeune. Dans dix ans, l’âme sera la même, mais son expérience le garantira de l’émotion. Ainsi, il y a trois jours il a été profondément vexé des plaisanteries que ces dames faisaient sur sa prétendue ivresse ; en revenant en voiture avec Mme B[eugnot], il lui en a fait de vifs reproches. Ce qui le choquait beaucoup, c’était les rires unanimes de ces dames à propos de rien.

Du reste, l’avarice perce sans cesse et d’une manière bien frappante pour the comic bard*, toujours par des conséquences. Ainsi, hier, je le trouve faisant sa barbe, il me dit qu’il veut la faire tous les jours, je combats ce projet :