Page:Stendhal - Journal, t1, 1923, éd. Debraye et Royer.djvu/20

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

bien, on ne peut comprendre les autres que par rapport à soi, Henri Beyle n’aurait eu garde de négliger l’admirable banc d’épreuve qu’il était lui-même, aussi la partie proprement subjective du Journal est-elle de beaucoup la plus importante.

Ce journal embrasse entre ses dates extrêmes une période de dix-sept ans, de 1801 à 1818 ; mais il ne forme un ensemble à peine interrompu qu’entre 1801 et 1814, encore la partie de 1814 est-elle extrêmement courte : une vingtaine de pages. De 1815, nous avons une brève relation du voyage à Venise et à Padoue et de 1818 un autre récit, assez rapide, d’excursion dans la Brianza.

Pendant tout ce temps, Henri Beyle a noté ses observations et ses impressions avec une sincérité absolue et une complète liberté d’expression, — si complète que j’ai dû, pour la publication, prendre certaines précautions au sujet de passages assez scabreux ; je dois ajouter que, malgré ces précautions, le Journal n’est nullement un livre pour jeunes filles.

C’est à partir de 1804, surtout, que nous commençons à rencontrer les formules définitives de ce qu’on a convenu d’appeler le beylisme. Les années précédentes sont plutôt consacrées, par un jeune