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ÉCOLE DE FLORENCE

des mœurs italiennes, un beau jeune homme de trente ans, dont j’eus plus tard l’occasion de voir l’héroïque bravoure, me disait, à l’occasion de la mort du général Montbrun, à la Moskowa, que je lui contais « Che bel gusto di mallo di andar a farsi buzzarar »

Le beau idéal moderne est donc encore impossible en Italie. Les qualités qu’il annonce y seraient ridicules par faiblesse mais l’Italien a une sensibilité trop vraie pour ne pas adorer l’idéal moderne dès qu’il le verra 1.

Si les Allemands, cette nation sentimentale et sans énergie, qui meurt d’envie d’avoir un caractère, et qui ne peut en venir à bout, composaient le beau moderne, ils y feraient entrer un peu plus d’innocence et un peu moins d’esprit 2.

L’Espagne, qui, après tant de courage, montre tant de bêtise, aura des artistes dans vingt ans, si elle a une constitution.

1. La rareté des empoisonnements prouve que les mœurs de la bonne compagnie ont gagné depuis cinquante ans en général, on n’empoisonne pas plus qu’en France je ne connais dans ce genre que la mort d’un beau jeune homme de Lucques.

2. « Une âme honnête, douce et paisible, exempte d’orgueil et de remords, remplie de bienveillance et d’humanité, une âme supérieure aux sens et aux passions, se découvre aisément dans la physionomie, etc. » (GELLERT.)

Voilà l’idéal du beau moral des Allemands. L’air passionné des figures de Raphaël leur fait peur.