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faut aimer déjà depuis longtemps ceux des Corrége et des Raphaël, et pouvoir distinguer dans ces peintres gothiques les premiers pas que fit l’esprit humain vers l’art charmant que nous aimons. Nous ne pouvons tout à fait les passer sous silence ; ils s’écrieraient avec le grand poëte, leur contemporain :

Non v’accorgete voi, che noi siam vermi

Nati a formar l’angelica farfalla ?

LE DANTE.

Vers l’an 828, les Vénitiens, fiers de posséder les reliques de saint Marc, qu’ils avaient enlevées à l’Égypte, voulurent élever sous son nom une église magnifique. Elle brûla en 970, fut rebâtie et enfin ornée de mosaïques vers 1071[1] Ces mosaïques furent exécutées par des Grecs de Constantinople.
Ces peintres, dont les ouvrages exécrables vivent encore, servirent de modèles aux ouvriers italiens qui faisaient des madones pour les fidèles, qui les faisaient toutes sur le même patron, et ne représentaient la

  1. On lit dans l’intérieur de ce monument singulier :
    Historits, auro, forma, specie tabularum,
    Hoc templum Marci fore dic decus ecclesiarum.
    La beauté des caractères place cette inscription au onzième siècle.