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vateur, il faudrait avouer que ce sol est privilégié de la nature.
Les nations les plus célèbres ont une époque brillante. L’Italie en a trois. La Grèce vante l’âge de Périclès, la France le siècle de Louis XIV.
L’Italie a la gloire de l’antique Étrurie, qui, avant la Grèce, cultiva les arts et la sagesse, l’âge d’Auguste, et enfin le siècle de Léon X, qui a civilisé l’Europe.
Les Romains, trop occupés de leur ambition, ne furent pas artistes ; ils eurent des statues, parce que cela convient à l’homme riche. Aux premiers malheurs de l’Empire, les arts tombèrent. Constantin faisant relever un temple ancien, ses architectes placèrent les colonnes à l’envers. Vinrent les Barbares, ensuite les papes. Saint Grégoire le Grand brûla les manuscrits des classiques, voulut détruire Cicéron, fit briser et jeter dans le Tibre les statues, comme idoles, ou du moins images de héros païens.[1] Arrivèrent les siècles neuvième, dixième et onzième, de la plus ténébreuse ignorance.
Mais comme, durant le triste hiver qui détruit les familles brillantes des insectes, les germes féconds qui doivent les repro-

  1. Jean de Sallsbury, Léon d’Orvietto, Saint-Antonin, Louis II, roi de France ; Lettres de saint Grégoire lui-même sur Job.