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FRAGMENTS

extraits et traduits
d’un recueil arabe intitulé :
LE DIVAN DE L’AMOUR
Compilé par Ebn-Abi-Hadgiat (Manuscrits de la
Bibliothèque du Roi, nos 1461 et 1462).


Mohammed, fils de Djaâfar Elahouâzadi, raconte que Djamil étant malade de la maladie dont il mourut, Elâbas, fils de Sohail, le visita et le trouva prêt à rendre l’âme. Ô fils de Sohail ! lui dit Djamil, que penses-tu d’un homme qui n’a jamais bu de vin, qui n’a jamais fait de gain illicite, qui n’a jamais donné injustement la mort à nulle créature vivante que Dieu ait défendu de tuer, et qui rend témoignage qu’il n’y a d’autre dieu que Dieu, et que Mohammed est son prophète ? — Je pense, répondit Ben Sohail, que cet homme sera sauvé et obtiendra le paradis : mais quel est-il, cet homme que tu dis ? — C’est moi, répliqua Djamil. — Je ne croyais pas que tu professasses l’islamisme, dit alors Ben Sohail ; et d’ailleurs il y a vingt ans que tu fais l’amour à Bothaina et que