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Il y a un autre recueil intitulé : Histoire des Arabes qui sont morts d’amour.

Ces livres si curieux sont extrêmement peu connus ; le petit nombre de savants qui pourraient les lire ont eu le cœur desséché par l’étude, et par les habitudes académiques.

Pour nous reconnaître au milieu de monuments si intéressants par leur antiquité et par la beauté singulière des mœurs qu’ils font deviner, il faut demander quelques faits à l’histoire.

De tout temps, et surtout avant Mohammed, les Arabes se rendaient à la Mecque pour faire le tour de la Caaba ou maison d’Abraham. J’ai vu à Londres un modèle fort exact de la ville sainte. Ce sont sept à huit cents maisons à toits en terrasse, jetées au milieu d’un désert de sable dévoré par le soleil. À l’une des extrémités de la ville, l’on découvre un édifice immense à peu près de forme carrée ; cet édifice entoure la Caaba ; il se compose d’une longue suite de portiques nécessaires sous le soleil d’Arabie pour effectuer la promenade sacrée. Ce portique est bien important dans l’histoire des mœurs et de la poésie arabes : ce fut apparemment pendant des siècles le seul lieu où les hommes et les femmes se trouvassent réunis. On faisait pêle-mêle, à pas lents, et en récitant en chœur des poé-