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qui ont admis l’islamisme[1] ; c’est pour cela que sa religion a toujours été moins pratiquée dans l’Arabie, son berceau, que dans tous les autres pays mahométans.

Les français ont rapporté d’Égypte quatre volumes in-folio, intitulés : le Livre des Chansons. Ces volumes contiennent :

1o Les biographies des poètes qui ont fait les chansons.

2o Les chansons elles-mêmes. Le poète y chante tout ce qui l’intéresse, il y loue son coursier rapide et son arc, après avoir parlé de sa maîtresse. Ces chants furent souvent les lettres d’amour de leurs auteurs ; ils y donnaient à l’objet aimé un tableau fidèle de toutes les affections de leur âme. Ils parlent quelquefois de nuits froides pendant lesquelles ils ont été obligés de brûler leur arc et leurs flèches. Les Arabes sont une nation sans maisons.

3o Les biographies des musiciens qui ont fait la musique de ces chansons.

4o Enfin l’indication des formules musicales ; ces formules sont des hiéroglyphes pour nous : cette musique nous restera à jamais inconnue, et d’ailleurs ne nous plairait pas.

  1. Mœurs de Constantinople. La seule manière de tuer l’amour-passion est d’empêcher toute cristallisation par la facilité.