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de Guillaume. Une telle réponse causa une grande joie à Raymond. Agnès conta tout à son mari, et le mari lui répondit qu’elle avait bien fait, et lui donna parole qu’elle avait la liberté de faire ou dire tout ce qui pourrait sauver Guillaume. Agnès n’y manqua pas. Elle appela Guillaume dans sa chambre tout seul, et resta tant avec lui, que Raymond pensa qu’il devait avoir eu d’elle plaisir d’amour ; et tout cela lui plaisait, et il commença à penser que ce qu’on lui avait dit de lui n’était pas vrai et qu’on parlait en l’air. Agnès et Guillaume sortirent de la chambre, le souper fut préparé et l’on soupa en grande gaieté. Et après souper Agnès fit préparer le lit des deux proche de la porte de sa chambre, et si bien firent de semblant en semblant la dame et Guillaume, que Raymond crut qu’il couchait avec elle.

Et le lendemain ils dînèrent au château avec grande allégresse, et après dîner ils partirent avec tous les honneurs d’un noble congé et vinrent à Roussillon. Et aussitôt que Raymond le put, il se sépara de Guillaume et s’en vint à sa femme, et lui conta ce qu’il avait vu de Guillaume et de sa sœur, de quoi eut sa femme une grande tristesse toute la nuit. Et le lendemain elle fit appeler Guillaume, et le reçut mal, et l’appela faux ami et traître. Et Guil-