CHAPITRE LII
e vais traduire une anecdote des
manuscrits provençaux ; le fait
que l’on va lire eut lieu vers l’an
1180, et l’histoire fut écrite vers 1250[1] ;
l’anecdote est assurément fort connue :
toute la nuance des mœurs est dans le
style. Je supplie qu’on me permette de
traduire mot à mot et sans chercher
aucunement l’élégance du langage actuel.
« Monseigneur Raymond de Roussillon fut un vaillant baron ainsi que le savez, et eut pour femme madona Marguerite, la plus belle femme que l’on connût en ce temps, et la plus douée de toutes belles qualités, de toute valeur et de toute courtoisie. Il arriva ainsi que Guillaume de Cabstaing, qui fut fils d’un pauvre chevalier du château Cabstaing, vint à la cour de Monseigneur Raymond de Roussillon, se présenta à lui et lui demanda s’il
- ↑ Le manuscrit est à la bibliothèque Laurentiana. M. Raynouard le rapporte au tome V de ses Troubadours, page 189. Il y a plusieurs fautes dans son texte ; il a trop loué et trop peu connu les troubadours.