Page:Stendhal - De l’amour, II, 1927, éd. Martineau.djvu/66

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

trompés. Les mœurs sont donc les mêmes, il n’y a que la haine de moins ; le cavalier servant de la femme est toujours ami du mari, et cette amitié cimentée par des services réciproques, survit bien souvent à d’autres intérêts. La plupart de ces amours durent cinq ou six ans, plusieurs toujours. On se quitte enfin quand on ne trouve plus de douceur à se tout dire, et passé le premier mois de la rupture il n’y a pas d’aigreur.

Janvier 1822. — L’ancienne mode des cavaliers servants, importée en Italie par Philippe II avec l’orgueil et les mœurs espagnoles, est entièrement tombée dans les grandes villes. Je ne connais d’exception que les Calabres, où toujours le frère aîné se fait prêtre, marie le cadet et s’établit le servant de sa belle-sœur et en même temps l’amant.

Napoléon a ôté le libertinage à la haute Italie et même à ce pays-ci (Naples).

Les mœurs de la génération actuelle des jolies femmes font honte à leurs mères ; elles sont plus favorables à l’amour-passion. L’amour physique a beaucoup perdu[1].

  1. Vers 1780, la maxime était :

    Molti averne,
    Un goderne,
    E cambiar spesso.
    Voyage de Sherlock