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particulières de l’amour qui, en français, exigeraient des périphrases à n’en plus finir ; par exemple l’action de se retourner brusquement, quand du parterre on lorgne dans sa loge la femme qu’on veut avoir, et que le mari ou le servant viennent à s’approcher du parapet de la loge.

Voici les traits principaux du caractère de ce peuple.

1o L’attention accoutumée à être au service de passions profondes ne peut pas se mouvoir rapidement, c’est la différence la plus marquante du Français à l’Italien. Il faut voir un Italien s’embarquer dans une diligence, ou faire un payement, c’est là la furia francese ; c’est pour cela qu’un Français des plus vulgaires, pour peu qu’il ne soit pas un fat spirituel à la Démasure, paraît toujours un être supérieur à une Italienne. (L’amant de la princesse D… à Rome).

2o Tout le monde fait l’amour et non pas en cachette comme en France, le mari est le meilleur ami de l’amant.

3o Personne ne lit.

4o Il n’y a pas de société. Un homme ne compte pas pour remplir et occuper sa vie sur le bonheur qu’il tire chaque jour, de deux heures de conversation et de jeu de vanité dans telle maison. Le mot causerie ne se traduit pas en italien. L’on parle