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CHAPITRE XLIX

Une journée à Florence.
Florence, 12 février 1819.


Ce soir j’ai trouvé dans une loge un homme qui avait quelque chose à solliciter auprès d’un magistrat de cinquante ans. Sa première demande a été : Quelle est sa maîtresse ? Chi avvicina adesso ? Ici toutes ces affaires sont de la dernière publicité, elles ont leurs lois, il y a la manière approuvée de se conduire qui est basée sur la justice sans presque rien de conventionnel, autrement on est un porco.

Qu’y a-t-il de nouveau, demandait hier un de mes amis, arrivant de Volterre ? Après un mot de gémissement énergique sur Napoléon et les Anglais, on ajoute avec le ton du plus vif intérêt : « La Vitteleschi a changé d’amant ; ce pauvre Gherardesca se désespère. — Qui a-t-elle pris ? — Montegalli, ce bel officier à moustaches, qui avait la principessa Colona, voyez-le là-bas au parterre, cloué sous sa loge ; il est là toute la soirée, car le mari ne veut pas le voir à la maison, et vous apercevez près