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qu’on appelle une cour d’Allemagne[1], même celle des meilleures princes (Munich, 1820).

« Quand nous arrivions avec un état-major, dans une ville d’Allemagne, au bout de la première quinzaine les dames du pays avaient fait leur choix. Mais ce choix était constant ; et j’ai ouï dire que les Français étaient l’écueil de beaucoup de vertus irréprochables jusqu’à eux. »

 

Les jeunes Allemands que j’ai rencontrés à Gœttingue, Dresde, Kœnisberg, etc., sont élevés au milieu de systèmes prétendus philosophiques qui ne sont qu’une poésie obscure et mal écrite, mais, sous le rapport moral, de la plus haute et sainte sublimité. Il me semble voir qu’ils ont hérité de leur moyen âge, non le républicanisme, la défiance et le coup de poignard, comme les Italiens, mais une forte disposition à l’enthousiasme et à la bonne foi. C’est pour cela que tous les dix ans, ils ont un nouveau grand homme qui doit effacer tous les autres (Kant, Schelling, Fichte, etc.[2]).

Luther fit jadis un appel puissant au sens moral, et les Allemands se battirent trente

  1. Voir les Mémoires de la margrave de Bareuth, et Vingt ans de séjour à Berlin, par M. Thiébaut.
  2. Voir en 1821 leur enthousiasme pour la tragédie du Triomphe de la croix qui fait oublier Guillaume Tell.