Page:Stendhal - De l’amour, II, 1927, éd. Martineau.djvu/50

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

7 juin 1809

La plus belle personne de Vienne a agréé l’hommage d’un ami à moi, M. M…, capitaine attaché au quartier général de l’empereur. C’est un jeune homme doux et spirituel ; mais certainement sa taille ni sa figure n’ont rien de remarquable.

Depuis quelques jours sa jeune amie fait la plus vive sensation parmi nos brillants officiers d’état-major, qui passent leur vie à fureter tous les coins de Vienne. C’est à qui sera le plus hardi ; toutes les ruses de guerre possibles ont été employées ; la maison de la belle a été mise en état de siège par les plus jolis et les plus riches. Les pages, les brillants colonels, les généraux de la garde, les princes mêmes sont allés perdre leur temps sous les fenêtres de la belle, et leur argent auprès de ses gens. Tous ont été éconduits. Ces princes n’étaient guère accoutumés à trouver de cruelles à Paris ou à Milan. Comme je riais de leur déconvenue avec cette charmante personne : « Mais, mon Dieu, me disait-elle, est-ce qu’ils ne savent pas que j’aime M. M… »

Voilà un singulier propos et assurément fort indécent.

Page 290 : « Pendant que nous étions à Schœnbrunn, je remarquai que deux